Tomorrow : quand l’open source devient source d’inspiration pour le management

L’aventure des baroudeurs de l’innovation managériale continue …. Nous vous proposons de découvrir à travers cet article la rencontre de Caroline et Claire avec une nouvelle organisation inspirante, au Danemark : Tomorrow.

Il y a trois ans Olivier a quitté Snits, une start-up française, afin de s’attaquer réellement au problème du changement climatique. « Pour moi, c’est le plus grand challenge de notre génération !», nous confie Olivier. D’ailleurs le slogan de Tomorrow “the climate impact of everything made accessible to everyone” vient confirmer cette vision. Olivier a souhaité faire de la technologie l’ami de l’environnement et proposer une solution à grande échelle afin que nous puissions tous avoir une idée de notre consommation électrique en temps réel.

Ce qui nous interpelle

La solution digitale proposée par Tomorrow : une carte interactive de la consommation d’électricité par pays

La start-up s’appuie sur des algorithmes statistiques et du « machine learning » pour compiler des données sur l’origine de l’électricité en temps réel. Tomorrow propose une carte interactive de la consommation d’électricité par pays (electricitymap.org). En intégrant les flux d’importation et d’exportation d’électricité entre pays, ces données permettent notamment d’appréhender les fortes interdépendances du marché de l’électricité ; à l’instar du Danemark qui possède un parc éolien conséquent, les pays à forte consommation d’électricité alternative disposent d’un impact carbone extrêmement variable. Parfois, lorsqu’il y a du vent à Copenhague l’électricité peut même avoir des prix négatifs !

Sensibiliser les individus afin de soutenir la transition énergétique 

Olivier espère qu’à terme, cette connaissance approfondie de l’origine de l’électricité devrait permettre aux acteurs économiques et aux décideurs politiques de soutenir la consommation d’électricité bas-carbone. L’idée est de comprendre d’où vient l’électricité que nous consommons afin d’inciter les personnes à consommer de l’électricité lorsque celle-ci est plus verte ! Nous pouvons noter que l’électricité verte provient essentiellement de la Suède. L’application est aujourd’hui entièrement gratuite, et est traduite dans une vingtaine de langues. 5 000 personnes utilisent l’application par jour. En avril 2018 Tomorrow s’est d’ailleurs vu décernée le prix de la start-up de l’année par la Chambre de Commerce franco-danoise. Cependant, la start-up vend des données historiques ou des prédictions futures à des entreprises.

Les clients de Tomorrow : de Google aux revendeurs d’électricité

Les clients de la start-up vont des data center comme Google aux revendeurs d’électricité. Tomorrow a notamment développé une application intitulée, Barry » dans le cadre d’un partenariat avec un revendeur d’électricité danois. Cette application a notamment pour but de montrer aux clients à quel moment, il est optimal de recharger ces appareils électroniques, de lancer son lave-vaisselle etc. Il permet également de voir qu’elle a été notre consommation d’électricité durant les derniers jours et comment essayer de l’améliorer. 

L’open source à la base de la stratégie managériale de l’entreprise : l’entière transparence

L’open source : outil pour créer plus de contenu et fédérer toute une communauté

L’open source signifie que le code de l’application est complètement public : tout le monde peu le réutiliser et le modifier à sa guise. « La partie collaborative est extrêmement importante » nous confie Olivier. Grâce à l’open source, le projet a touché plus de 500 personnes ! « Le but du jeu, c’était de créer un système super simple et de le rendre intéressant » continue Olivier. Grâce à cette interaction entre la communauté et la très grande partie collaborative, la carte interactive couvre aujourd’hui une très large partie du monde.

L’open source afin d’encourager le consensus et de fédérer les clients et les employés à la fois

L’open source est l’unique manière d’encourager le consensus et de permettre de co-développer un système software qui permet à chacun de participer au système. Le code de l’application (Java Script et Python) étant complètement libre de droit, l’entreprise se doit d’être elle-même entièrement transparente. Ainsi, en interne, tous les employés ont accès aux résultats et à la comptabilité de l’entreprise.

Le fait de tout « open sourcer » permet d’une part de créer une communauté interactive qui n’hésite pas à modifier les lignes de codes, mais cela permet aussi « de me concentrer sur d’autres choses plus importantes » nous confie Olivier. Cela permet également d’instaurer une relation de confiance entre les utilisateurs et les employés. Puisque tout est rendu public, les gens peuvent vérifier par eux même les données et voir qu’il n’y a pas de lobbying. « D’ailleurs, pour que l’application ait un sens, il faut que tous les bilans carbone soient open source » continue Olivier !! 

La mise en place d’un management décentralisé au sein de Tomorrow

« Je crois beaucoup au management décentralisé et aux systèmes peu pyramidaux. » 
Pour qu’un tel système décentralisé fonctionne, Olivier nous confie qu’il faut avoir des employés responsables, autonomes, capables eux même de créer de l’innovation décentralisée ! Il faut également passer beaucoup de temps à diffuser la vision de l’entreprise à tout le monde, afin que chaque employé le monde comprenne ce qu’il fait là. « C’est seulement une fois que l’employé a compris pourquoi il était là et qu’il a bien intégré la vision de l’entreprise que l’on peut commencer à décentraliser » complète Olivier.

Le dialogue pour diffuser et rappeler la vision partagée de la start-up

Des employés polyvalents pour des équipes modulables 

Une fois par mois, nous rassemblons tous les employés d’entreprise afin d’être sûr de partager la même vision. Chaque personne a la possibilité de s’organiser dans l’espace et dans le temps comme elle le souhaite. L’idée est de diviser par objectif et non par rôle. Olivier cherche des profils très polyvalents et autonomes, « on veut que les équipes se forment et se déforment ».

Les hack days : des dispositifs mis en œuvre afin que chacun s’engage dans le projet de la strat-up ! 

La mise en place de « hack day » où l’employé peut travailler sur ce qu’il souhaite
Le « hack day », c’est une fois tous les mois chez Tomorrow ! Il s’agit d’offrir une liberté à l’employé, qui peut travailler sur ce qu’il souhaite et d’où il veut. À la fin de la journée, il a la possibilité de partager son travail avec les autres. Par exemple un employé a, lors d’une journée comme celle-ci, proposé un « guide de l’employé » pour l’ensemble des collaborateurs. L’idée est que ces hack days agissent comme des boosters de productivité sur la tâche que l’employé identifie comme la plus importante pour lui. D’ailleurs, durant ces hack days, l’employé ne doit recevoir ni envoyer d’e-mails afin de ne déranger personne et de consacrer toute son attention à son travail.

Chez Tomorrow, les décisions sont prises ensemble, il y a très peu de hiérarchie. 

Olivier prône une politique managériale à l’horizontale, mais il nous rappelle : « Ne jamais monter une start-up avec quelqu’un juste parce qu’on est pote ». Selon lui, il faut être très clair sur le rôle de chacun dès le début et il faut avoir envisagé et discuter tous les cas futurs pour ne pas être perturbé si jamais cela venait à se passer mal. Il faut mettre en place « un pacte de l’associé » en présence d’avocat afin d’assurer une bonne cohésion. Olivier conseille également de distinguer les différents cas, de diviser le capital dans le temps, car cela permet d’aligner les attentent sur le futur et d’éviter les mauvaises surprises ! Il faut également gérer les équipes qui se forment et se déforment au cours de l’aventure. En effet, « ceux qui sont là au début de l’aventure ne sont pas forcément celles qui manageront les équipes futures, il faut gérer cette transition » . 

« Je trouve que les open spaces ont un côté pervers. » 

Olivier commence par nous dire qu’il n’est pas pour le travail en openspace. Pourtant, nous regardons autour de nous et les locaux de l’entreprise sont actuellement situés en plein open space. Olivier n’a pas l’air de se sentir forcément super à l’aise dans les locaux de la Founders House. Pour lui, l’idéal serait d’avoir un endroit qui rassemble deux espaces : un espace petit et isolé afin de faire grandir les idées qui sont souvent fragiles au début, puis un espace de Coworking adapté et adaptable afin que les gens se rencontrent, créent du lien et renforcent leurs idées entre eux. L’idéal serait d’avoir donc deux espaces en un avec un espace permettant de méditer et de réfléchir et un autre espace pour échanger. Olivier fini l’interview par une phrase : « en fait je crois que je me sens bien mieux dans une bibliothèque pour travailler, au moins on est au calme et il y a une vraie ambiance de travail partagée ! » 

Quel futur pour Tomorrow ? 

Faire en sorte que nous puissions tous être au courant de notre emprunte carbone

Tomorrow travaille actuellement sur un autre projet. Olivier et ses équipes développent une application qui calcule en temps réel notre emprunte carbone. Cette application fonctionne comme un Apple store. La consommation électrique de notre Renault Zoé, de notre Uber ou encore de Rejeskort le revendeur d’électricité danois sont enregistrés dans l’application. Ainsi, en fonction de notre consommation d’électricité journalière, un diagramme est proposé à l’utilisateur qui peut voir à la fin de sa journée son emprunte carbone. Lorsque la consommation d’électricité est particulièrement élevée, les utilisateurs ont la possibilité de « compenser » leur consommation en déversant de l’argent dans un projet environnemental de leur souhait proposé par l’application. La start-up aimerait plus tard faire de cette application une solution payante pour les entreprises afin que l’ensemble des employés puissent savoir l’emprunte carbone de leur entreprise. 

Étendre sa solution digitale dans d’autres pays 

La start-up vient tout juste de terminer une levée de fonds. « L’idée est de sortir un produit d’ici quelques mois et de continuer à s’internationaliser » nous confie Olivier. Les pays nordiques sont actuellement les plus intéressés par la solution que nous proposons, ensuite l’Allemagne, l’Angleterre puis la France. « En France, on a une élite qui réfléchit énormément aux sujets touchant à l’environnement, mais la population est moins bien éduquée et sensibilisée comparée à Allemagne comme le montre très bien le vote vert pour les élections européennes des Allemands! Au Danemark, c’est tout l’inverse, on a une population très sensible à cette thématique, mais des élites qui restent trop passives»

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