Deep Instinct : se développer sans perdre son âme

Une nouvelle découverte des baroudeurs de l’innovation managériale à Tel Aviv, qui nous décrivent comment Deep Instinct, une startup spécialisée dans le deep learning se développe tout en préservant son identité.

Nous avons été reçues par Guillaume Sicard, un scientifique français, dans les locaux de la startup Deep Instinct au 28ème étage d’une tour dans le quartier d’affaires de Tel Aviv. Créée en 2013, cette entreprise spécialisée dans le domaine de la cybersécurité a également des bureaux aux États-Unis et à Singapour et compte à l’heure actuelle environ 100 employés.

À la fin de ses études, Guillaume Sicard a rejoint Deep instinct dont la mission principale est « d’appliquer de l’intelligence artificielle (machine learning et deep learning) à la détection de malware (fichiers nocifs) »

Au sein de Deep Instinct, Guillaume fait partie de l’équipe scientifique de recherche dans le domaine du machine learning. Il vise à développer et améliorer les modèles de machine learning et deep learning existants. Le deep learning représente aujourd’hui 99% de l’intelligence artificielle.

Une start-up qui est progressivement passée d’une organisation horizontale à verticale

Pour Guillaume, la construction d’une hiérarchie verticale chez les start-ups est très classique. Au début, une start-up se crée avec généralement moins de 5 personnes et il n’y a pas de hiérarchie car il y a un besoin de partage des compétences de chacun et de feedbacks. Il ne s’agit pas encore de se préoccuper de la qualité du code, mais de montrer que l’idée est réalisable. Dans un second temps, lorsque l’idée se consolide, les start-ups ont besoin de personnes spécialisées dans certains domaines. Même si elles ne peuvent pas avoir la même hiérarchie que les grands groupes, cette spécialisation va entraîner de nombreux cloisonnements. De plus, les employés qui étaient là au début ne sont souvent plus là les années suivantes. Parfois, des gens avec une expertise transversale qui étaient essentiels au départ ne parviennent pas à se spécialiser dans un domaine et sont de facto obligés de quitter la start-up. 

Guillaume nous confie également que dans le monde des start-ups, la notion d’ego est très importante. En Israël comme aux États-Unis, il y a plus d’offres que de demande. Il est donc plus facile pour une personne de trouver du travail que pour une start-up de trouver quelqu’un de vraiment compétent. Les start-ups doivent donc constamment trouver de nouvelles manières d’attirer des talents ! 

Ne jamais perdre « l’esprit start-up » : la clé pour attirer les nouveaux talents !

Malgré la mise en place d’une hiérarchie verticale au sein de Deep Instinct, cette entreprise de 100 employés n’a cependant pas fait une croix sur son esprit start-up initial !

L’ambiance de travail : « Honnêtement le seul adjectif qui me vient à l’esprit, c’est START-UP »

Une très grande importance est donnée aux évènements de team building. Chaque jeudi soir, les employés se réunissent autour du bar de l’entreprise. L’esprit famille est très important par exemple, ils fêtent le nouvel an ensemble et tous les employés sont invités lors des mariages. Pour Guillaume Sicard, Deep Instinct est « un cran au-dessus par rapport aux autres start-ups » quant au team building. Une personne est chargée d’organiser toutes ces activités avec un budget alloué par l’entreprise, «la semaine dernière, on a fait du karting pendant 1 heure, 1 heure 30 ! », nous confie Guillaume. À la fin de ces évènements, chaque participant doit remplir un petit questionnaire afin de recueillir le ressenti des employés sur la journée et de générer de nouvelles idées d’activités pour les semaines à venir !

Chez Deep Instinct, les bureaux accueillent toute la « famille ». S’il est courant d’amener ses enfants au travail, avec des salles pour les accueillir, les Israéliens, et en particulier à Tel Aviv, adorent les chiens ! Tel Aviv est une des villes au monde où il y a le plus de chiens par habitant ! Il n’est donc pas rare de voir tout plein de chiens se balader dans les locaux au milieu des employés de l’entreprise (les perroquets font également partie du décor.). Les employés peuvent également apporter leurs instruments de musique et il y a deux guitares dans les bureaux. Guillaume nous confie que quasiment tous les jours, des employés jouent de la musique et se mettent à chanter ! Cela dote l’entreprise d’une atmosphère agréable et conviviale. 

L’importance de se retrouver le midi tout ensemble ! Pour Guillaume Sicard, le repas du midi est un élément crucial du team building de la start-up. Chaque employé possède une carte sur laquelle la compagnie met une certaine somme tous les mois. «Autour de 250 euros par mois qu’on peut utiliser dans des restaurants, mais aussi dans des magasins, ou des applications sur le web. Il y a des dizaines de restaurants, donc vers 10h, on se rejoint tous sur nos ordinateurs et on sélectionne des restos, et tout est livré au bureau. On mange tout le temps ensemble, même quand le CEO est là, on déjeune ensemble. »nous confie Guillaume.

De nombreuses conférences autour du bien-être sont organisées par l’entreprise. Chaque semaine, il y a au moins une conférence sur comment manger mieux, faire de l’exercice, communiquer avec son chien ! L’entreprise organise aussi des cours de pilates deux fois par semaine, une sortie escalade une fois par semaine et les employés sont actuellement en train de constituer une équipe de football. Il faut aussi noter qu’à Tel Aviv l’apparence compte beaucoup, de nombreux employés vont à la salle de sport le matin et arrivent pour travailler seulement à 11h.

Une start-up sérieuse qui ne se prend pas au sérieux. Au niveau du dress code, nous avions remarqué qu’aucun Israélien ne portait de chemise et encore moins de costume. Effectivement, Guillaume confirme notre impression : « Quand tu vois quelqu’un qui porte une chemise au bureau, la première question qu’on lui pose, c’est : tu vas à un mariage ce soir ? ». Mis à part lorsqu’ils doivent rencontrer des clients internationaux, les tenues vestimentaires sont très détendues comme celles que l’on peut observer dans des petites start-ups, Guillaume continue même en nous disant : « Ça ne m’étonnerait même pas de voir quelqu’un arriver en maillot de bain ! ». Les tenues vestimentaires plutôt détente reflètent l’atmosphère qui règne chez Deep Instinct. 

Fêter les succès

Il y a un niveau de salaire que les start-ups ne peuvent dépasser, mais la réelle motivation des employés réside dans les stocks options qu’ils peuvent récupérer au bout de 4 ans et qu’ils peuvent même continuer d’accumuler après les 4 ans. En effet, si la compagnie fait un exit réussi (une entrée en bourse ou un rachat) les employés peuvent tous espérer devenir millionnaires – Waze étant l’exemple phare pour ces start-ups. Il est aussi important de fêter chaque réussite de l’entreprise. Guillaume nous confie que récemment, ils ont pu signer un gros contrat avec HP et qu’ils ont pour cela organisé une journée d’entreprise à la plage avec des leçons de surf et des massages.

Décloisonner les espaces

Pour Guillaume, les employés se développent continuellement et l’entreprise a donc dû souvent repenser les espaces de travail en fonction des différentes équipes. Chez Deep Instinct, il n’y a pas vraiment d’open space et au départ Guillaume et son équipe étaient dans une salle séparée des autres. Cependant, afin de faciliter la collaboration entre les équipes, l’entreprise a fait le choix d’abattre les cloisons entre les différentes équipes de recherche scientifique.

Et en cas de conflit ?

Guillaume nous prévient tout d’abord que la notion de conflit en Israël n’est pas du tout la même qu’en France ! Parfois, on peut penser que deux personnes sont en train de se disputer alors qu’en fait elles sont simplement en train de parler. Les gens sont plus directs dans leurs propos. Au sein de Deep Instinct, l’ambiance est plutôt bonne et les conflits se règlent par le dialogue. Toutes les 2 semaines, ils font des « one to one conversations » pour mieux se comprendre et s’entraider.

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