Il y a des textes qui sont d’une actualité particulièrement éclairante alors même qu’ils ont été écrits à ce qui semble être une autre période. L’enracinement de Simone Weil en est un exemple criant.
Ce texte, écrit en 1943, fait partie des derniers écrits de l’auteur. Et pourtant…Je vous laisse en faire connaissance :
« La tâche de l’école populaire est de donner au travail davantage de dignité en y infusant de la pensée, et non pas de faire du travailleur une chose à compartiments qui tantôt travaille et tantôt pense. Bien entendu, un paysan qui sème doit être attentif à répandre le grain comme il faut, et non à se souvenir de leçons apprises à l’école. Mais l’objet de l’attention n’est pas tout le contenu de la pensée. Une jeune femme heureuse, enceinte pour la première fois, qui coud une layette, pense à coudre comme il faut. Mais elle n’oublie pas un instant l’enfant qu’elle porte en elle. Au même moment, quelque part dans un atelier de prison, une condamnée coud en pensant aussi à coudre comme il faut, car elle craint d’être punie. On pourrait imaginer que les deux femmes font au même instant le même ouvrage, et ont l’attention occupée par la même difficulté technique. Il n’y en a pas moins un abîme de différence entre l’un et l’autre travail. Tout le problème social consiste à faire passer les travailleurs de l’une à l’autre de ces deux situations. » *
Toute la question du sens se pose profondément ici et l’on voit bien, comme nous l’évoquions lors de notre conférence, que construire l’entreprise pour nos enfants n’a pas du tout les mêmes implications que d’avoir comme objectif de gagner un point de marge.
C’est d’ailleurs l’un des axes que nous travaillons souvent avec nos clients en posant la question souvent troublante : Pourquoi votre entreprise se lève-t-elle le matin?
*Cité dans le livre de Fabrice Midal, La voie du Chevalier : Dépassement de soi, spiritualité et action
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