Travailler collectivement, cela s’apprend !

Aussi incongru que cela puisse paraître, la collaboration est peu présente dans notre éducation. Il s’agit d’acquérir des connaissances individuellement, de répondre à des interrogations individuelles ou de faire nos devoirs, de passer des épreuves ou des concours…seuls !

Quand nous découvrons le monde de l’entreprise, nous ne sommes alors pas surpris de voir que la part du travail collectif est également peu présente. Les moments de réunion en sont d’ailleurs parfois les pires exemples : chacun défend son point de vue individuel ou ses intérêts en oubliant la vision collective…ou ce que nous appellerions la raison d’être de l’organisation.

Quand nous intervenons en entreprise, nous nous rendons ainsi vite compte que si on veut développer l’intelligence collective, cela demande d’être vigilant sur plusieurs points essentiels.

#1 Rendre la collaboration naturelle

Cela demande à la fois une prise de conscience du problème (et de la nécessité de collaborer)…et un entraînement ! Si les outils d’intelligence collective que nous utilisons sont souvent assez faciles à comprendre, ils le sont nettement moins à pratiquer (garantir l’écoute de tous, savoir taire ses croyances au profit du projet…).

#2 Forger pour devenir forgeron

Comme toute pratique, cela demande du temps…C’est un réel enjeu quand nous sommes trop souvent à la recherche d’une efficacité immédiate et que nous sommes confrontés à la peur de l’échec. Ce que nous demandons souvent à nos clients quand ils ont l’impression que l’apprentissage de l’intelligence collective demande du temps c’est : « combien de temps perdez-vous en réunions qui souvent stériles ? »

Il est fort probable que ce temps « investi » saura porter de très beaux fruits à l’avenir…et en premier lieu de se débarrasser de la frustration de la réunionite !

#3 Le vrai saut dans l’intelligence collective se situe au niveau de la posture

Il s’agit d’apprendre à se mettre au service du collectif, à écouter, à laisser la place au silence, à attendre son tour pour parler, à rester focalisé sur le sujet, à considérer que la parole de chacun a le même poids…C’est un vrai changement de culture !

Afin d’aider ce changement, il est bien de s’aider d’un facilitateur extérieur qui sera le garant du cadre du travail collectif. Il rappellera les règles avec bienveillance et permettra à chacun de pouvoir trouver sa place. Sans cela, pas de sécurité ontologique.

Une condition essentielle est que le manager de l’équipe soit prêt à ce changement de posture. Sans cela, le facilitateur ne pourra jamais l’aider à évoluer et permettre au groupe de travailler avec fluidité.

#4 S’ouvrir à la joie de l’émergence et abandonner son statut de propriétaire… de l’idée

On ne sait jamais d’avance ce qui va émerger d’un groupe…c’est en découvrant la magie de ces moments que l’on a envie d’y regoûter !

Un exemple concret ? J’avais travaillé à un cadre de travail pour nos réunions d’équipe du lundi. Il est arrivé un moment où a émergé du groupe que ce cadre ne convenait plus. Avec un travail collectif approprié (et ma capacité à abandonner « mon cadre » ce qui n’est pas toujours le plus facile :p), nous avons pu arriver à un format qui convenait parfaitement…et qui n’a pas fini d’évoluer. Ce format est une vraie fierté pour notre groupe, il nous permet de travailler de façon sereine et efficace…tout en étant ouvert à la prochaine émergence !

Ce qui est très frappant, c’est qu’on découvre alors la force d’une idée qui vient vraiment du groupe…et qui n’appartient à personne…On se met vraiment au service de notre raison d’être et on abandonne ce que l’on pense être bien à titre personnel.

#5 Doser les ingrédients de la collaboration

Pour creuser plus avant, je vous livre ici les ingrédients essentiels d’une réunion laissant sa place à l’intelligence collective (Merci Marine 😉 !)  :

  1. Une organisation en cercle (abandonnant les tables qui sont souvent des obstacles aux échanges), qui permet à chacun de trouver sa place et poser une équivalence de l’importance de la parole de chacun.
  2. Le tour de parole, qui permet que chacun occupe à son tour l’espace qui lui est réservé et évite les débats stériles.
  3. Le pouvoir du silence, qui permet la maturation des interventions, la prise de recul par rapport à l’émotionnel…et l’ouverture à l’émergent !
  4. Les avis et les personnes sont dissociés, les opinions s’additionnent, ne se combattent pas. Cela installe l’innovation plutôt que la concurrence.
  5. Le rôle du facilitateur comme garant du cadre du cercle et des règles. C’est un rôle clé comme évoqué plus haut. Il sera très souvent extérieur au groupe dans un premier temps mais pourra aussi devenir une personne du groupe dans un second temps. Lors de nos réunions d’équipe du lundi par exemple, il s’agit d’un facilitateur qui est choisi par l’animateur de la réunion.

Etes-vous prêts pour le grand saut ? Le chemin en vaut la peine ! Discutons-en…

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